Benoît Chevalley, responsable du lieu de pratique professionnelle appelé Développement Durable, et Robin Duc, conseiller en formations et responsable du planning des jeunes, se sont prêtés au jeu de l’interview afin de présenter leur travail et leur quotidien.
Quelle est ta fonction et ton rôle à la Fondation Intervalle ?
Je m’appelle Benoît Chevalley et je m’occupe du lieu de pratique professionnelle appelé Développement durable (DD) à la Fondation Intervalle. Cela fait bientôt 3 ans que je travaille ici.
Je m’appelle Robin Duc. Je travaille depuis bientôt 3 ans et demi à la Fondation Intervalle. J’occupe la fonction de conseiller en formations et aussi celle de responsable du planning des jeunes.
En tant que conseiller en formations, j’accompagne les jeunes dans leur projet professionnel, à l’atelier (lieu de pratique professionnelle) appelé « Projet & Formation » (PF). Je les encourage, les aide et les conseille dans leurs démarches de postulation, que ce soit pour la confection du dossier de candidature ou les techniques de recherche de formation. Je m’occupe également du suivi individuel de chaque jeune selon un cadre professionnel défini par la mesure, il s’agit du suivi de leur participation et de leur projet professionnel ainsi que de la gestion des absences.
En tant que responsable du planning, je confectionne chaque semaine un planning afin que chaque jeune reçoive, sur une application, son programme de la semaine d’après.
Combien de jeunes suis-tu ? Combien de jeunes vois-tu passer dans ton atelier (lieu de pratique professionnelle) ?
A proprement parler, je n’ai pas de suivi spécifique avec les jeunes. Je m’intéresse à leurs recherches et nous en discutons souvent lors des moments de travail pratique. En moyenne, je vois passer au DD environ 200 jeunes par année. Ils y suivent des formations et réalisent du travail manuel.
Tout comme mes collègues conseiller-ère-s, j’accompagne une trentaine de jeunes par année, qui sont réparti-e-s dans des groupes. Ils et elles participent aux différents lieux de pratiques professionnelles toujours en groupe. Le suivi individuel est noté et des discussions en individuel sont organisées si nécessaire.
Les jeunes participent au PF deux demi-jours par semaine et suivent une formation de 45 minutes avant d’effectuer leurs démarches de postulation dans une salle équipée. Au PF, j’accompagne donc une trentaine de jeunes par semaine. Durant les formations, les groupes sont mélangés, je rencontre donc les jeunes des autres groupes également. Une grande partie des jeunes sont donc vu-e-s et connu-e-s des différent-e-s conseiller-ère-s.
Que font et qu’apprennent les participant-e-s durant le temps passé dans ton atelier et avec toi ?
L’atelier a pour objectif de développer les aptitudes manuelles des participant-e-s ainsi que de les sensibiliser au recyclage. Le travail principal consiste à démonter des appareils électroniques et à en ressortir toutes les pièces. Après cela, il faut trier les matériaux selon leur nature. Une grande partie de ces matériaux sont ensuite vendus à une entreprise de recyclage. En parallèle de ce travail, des activités pratiques sur le codage informatique, la soudure à l’étain ou la création de bijoux en cuivre sont réalisées.
Les participant-e-s apprennent différents aspects du travail manuel, les règles de sécurité avec les machines et les outils, le port des EPI (équipements de protection individuelle) et le travail en équipe. Ils et elles sont aussi amené-e-s à développer leur créativité lors d’activités parallèles au travail principal.
Au PF, à la suite d’un tour de table, les jeunes s’installent à un ordinateur afin d’effectuer des démarches de postulations. Je les accompagne toute la demi-journée pour les conseiller et les aider. Avec le temps, les jeunes apprennent à utiliser l’ordinateur, à téléphoner ainsi qu’à écrire des lettres de motivation personnalisées et adaptées aux entreprises. Ils et elles se responsabilisent et apprennent à devenir indépendant-e-s dans leurs démarches. En général, les jeunes recherchent des places d’apprentissage ou des stages, contactent des entreprises par téléphone, envoient des mails et évidemment postulent. Je suis toujours disponible pour les conseiller et apporter des corrections. Je prends également le temps de parler de leur stage, d’analyser leurs points forts et leurs axes d’amélioration ainsi que de les encourager à découvrir d’autres métiers. Toutes les démarches sont effectuées par les jeunes, le but est que chacun-e apprenne par la pratique et les expériences en étant conseillé-e et accompagné-e ; (je n’ai par exemple jamais effectué un téléphone ou rédigé un CV pour un-e jeune).
En début de mesure, les jeunes mettent à jour les différents documents indispensables à la postulation, c’est-à-dire le CV, les rapports de stages ou encore les bulletins scolaires. Ils apprennent aussi comment téléphoner à des entreprises ou comment envoyer un mail de manière professionnelle. Grâce aux formations et à l’accompagnement régulier, ils et elles apprennent les étapes essentielles des TRF, qui les aident à être autonomes dans leurs démarches et à se responsabiliser. Les jeunes voient beaucoup de sens dans le programme proposé et comprennent ainsi l’utilité de ces documents ou des démarches à effectuer.
Peux-tu décrire et expliquer une des formations que tu donnes ?
Une des formations que je donne est sur la notion d’erreur et de faute. Les participant-e-s sont amené-e-s à traverser un labyrinthe constitué de 24 cases avec pour consigne de passer par chacune des cases mais une seule fois au maximum. Le labyrinthe ayant été conçu par moi-même, je suis la seule personne à en connaître le chemin. Cette formation a pour but de montrer aux participant-e-s que les erreurs font partie de la vie et qu’elles nous aident à avancer, à condition que l’on puisse les reconnaitre et les corriger.
C’est pourquoi, dans cette formation, nous abordons également le principe de la roue de Deming qui permet de mettre des mots sur le processus d’amélioration continue. Elle permet aussi de faire bouger les participant-e-s et de travailler leur caractère car c’est un jeu qui nécessite une part importante de communication.
La Fondation Intervalle a participé au projet pilote Moviment (Radix) pour plus de mouvement dans les structures de transitions, nous avons donc été amené-e-s à questionner notre manière de donner des formations pour y intégrer plus de mouvement.
Une des formations que je donne s’intitule « La cybersécurité ». De nos jours, c’est un sujet important, que ce soit en entreprise ou dans la vie privée. La formation sensibilise les jeunes à l’importance de la protection des données ainsi qu’à bien se protéger des cybercriminels. A la fin de la formation, les jeunes sont capables de définir la cybersécurité et d’expliquer son importance, d’identifier des potentielles cyberattaques et d’adopter les bons gestes afin de minimiser les risques de cyberattaques.
Qu’est-ce qui te satisfait le plus dans ton travail ?
Je me dis souvent que j’ai une chance incroyable de pouvoir travailler avec un public comme celui-ci. Ces jeunes ont des ressources et une persévérance qui m’encouragent et me poussent à renouveler mes idées pour leur fournir une prestation de qualité.
J’aime les moments d’échange lors du travail pratique et je trouve de la satisfaction dans le fait de leur montrer les exigences que le monde professionnel peut poser.
Il faut dire aussi que l’ambiance au sein de la Fondation Intervalle est tout simplement géniale ! Mélange de rire et de rigueur.
Je vois énormément de sens dans mon travail car il est utile à des jeunes gens qui ont besoin d’aide et d’encouragement. Ce qui me satisfait le plus, c’est de voir l’évolution des jeunes durant leur participation au SeMo Intervalle, c’est-à-dire de leur début à leur départ. Chaque jeune, avec plus ou moins de difficultés, réussit durant sa participation à maîtriser toutes les démarches nécessaires à la postulation et cela de manière indépendante. Grâce au temps et à la patience, chaque individu est capable de modifier son CV, d’écrire une nouvelle lettre de motivation personnalisée selon le métier et l’entreprise, d’effectuer des appels téléphoniques, de partir en stage, de mener des entretiens, de parler de lui ou d’elle ou encore d’échanger avec ses collègues de manière constructive. Leur persévérance et leur attitude positive sont inspirantes, surtout face aux réponses négatives. C’est un métier humain, très enrichissant et varié qui me permet de m’épanouir.